Déclaration Commune de 350 ONG ivoiriennes qui soutiennent l’initiative du Gouvernement visant à garantir un revenu suffisant aux planteurs et à protéger les forêts
ABIDJAN, CÔTE D’IVOIRE – Aujourd’hui, 350 ONG environnementales, des droits humains et de bonne gouvernance signent une déclaration collective qui souligne les étapes que les gouvernements ghanéen et ivoirien doivent prendre pour promouvoir un cacao durable, tout en aidant les paysans et en protégeant les forêts.
Les signataires, au nombre desquels l’Observatoire Ivoirien pour la gestion durable des Ressources Naturelles (OI-REN), La Convention de la Société Civile Ivoirienne (CSCI), l’Institut Africain pour le Développement Économique et Social (INADES) et certaines coalitions importantes comme le Regroupement des Acteurs Ivoirien des Droits de l’Homme (RAIDH) soutiennent la mise en œuvre d’un prix plancher annoncé par les gouvernements du Ghana et de la Côte d’Ivoire. Ils demandent, par contre, la garantie que le nouveau prix plancher fournira des revenus additionnels aux paysans, sans pour autant accroitre la déforestation. La lettre fait écho aux appels précédents pour un prix plancher bien géré des sociétés civiles du Ghana, du Cameroun, de l’Union Européenne et des Etats-Unis. La déclaration commune souligne que l’implémentation de cette initiative est devenue plus urgente à cause de la pandémie mondiale du coronavirus qui amplifie la pauvreté et perturbe l’économie.
“La société civile s’unit pour se battre pour le cacao durable,” dit Amourlaye Touré, le Représentant de Mighty Earth en Afrique de l’Ouest. “ Un prix plancher pour le cacao est une étape importante mais les gouvernements doivent maintenant assurer que l’industrie va effectivement payer les prix indiqués et que les fonds levés par cette initiative iront vraiment aux paysans qui reçoivent actuellement moins d’un dollar par jour.”
La déclaration commune des ONG souligne qu’il importe, afin de prévenir d’éventuels détournements, que les revenus générés par le prix plancher soient gérés de façon transparente, avec des avantages pour les paysans appauvris. En Côte d’Ivoire, notamment, l’agence responsable de la gestion des aires protégées n’a pas toujours été sans reproche en matière de corruption ; des problèmes similaires affectent les autorités ghanéennes qui sont responsables de la régulation de la déforestation. Selon la Banque Mondiale, comme signalé par Reuters, “La corruption et la mauvaise gestion de l’industrie du cacao au Ghana nuisent à la production et fragilise les paysans, mettant en lumière le besoin urgent de réformes.”
La nouvelle déclaration commune met également les gouvernements ivoirien et ghanéen face à leurs responsabilités en ce qu’ils doivent s’assurer que le prix plancher ne déclenche pas une vague de déforestation dans un environnement naturel déjà dévasté. En effet, la Côte d’Ivoire et le Ghana ont les taux les plus élevés de déforestation dans le monde ! Les deux pays ont perdu environ 90 pour cent de leurs forêts, depuis leur indépendance, dont un tiers du fait du cacao.
“Généralement, quand le prix d’un produit augmente, la déforestation s’accroît également. Les deux gouvernements doivent agir maintenant et mettre à exécution le mécanisme de surveillance conjoint, comme ils l’avaient promis en 2017 dans le cadre de l’Initiative Cacao et Forêts (ICF),” affirme le représentant de Mighty Earth. “ Des progrès réels ont été accomplis dans la lutte contre la déforestation. Le Ghana et la Côte d’Ivoire sont parvenus à réduire la perte de forêts primaires de 50 pour cent, de 2018 à 2019. Il ne faut donc montrer aucune complaisance.”
La société civile fait aussi pression pour un nouvel engagement à respecter les droits des petits planteurs de cacao qui sont particulièrement vulnérables. Le nouveau code forestier annoncé l’an dernier résulterait en l’éviction de milliers de petits paysans. Il est estimé que 1.5 à 2 millions de planteurs de cacao vivent dans des forêts protégées et des parcs nationaux au Ghana et en Côte d’Ivoire. Bien que le gouvernement de Côte d’Ivoire ait le droit de récupérer les forêts destinées à être conservées, la loi internationale protège contre les expulsions forcées qui ne respectent pas la dignité et les droits des personnes vivant sur ces sites.
Enfin, la déclaration commune fait remarquer que des efforts supplémentaires sont nécessaires pour mettre fin au travail des enfants dans l’industrie du cacao.
La pandémie due au coronavirus a aggravé certaines difficultés existantes. Un nombre plus grand de paysans ont du mal à subvenir à leurs besoins vitaux et le travail des enfants ne recule pas à cause de la crise économique qui s’intensifie. “Il faut que le prix plancher du cacao soit bien géré afin de protéger les moyens de subsistance des producteurs et pour renforcer les progrès constatés au cours des dernières années pour un cacao durable.”
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