Un nouveau rapport met en garde sur l’impact de la demande mondiale de noix de cajou sur la biodiversité et sur l’insécurité alimentaire en Côte d’Ivoire

Un nouveau rapport met en garde sur l’impact de la demande mondiale de noix de cajou sur la biodiversité et sur l’insécurité alimentaire en Côte d’Ivoire

Sydney Jones

Press Secretary

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Carole Mitchell

Sr. Director Communications

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Mighty Earth demande à l’industrie des noix de cajou de prendre des mesures pour mettre un terme à son expansion dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, afin de permettre à la nature de se rétablir. 

Lien vers le rapport ici

 

Une seule culture domine le paysage près de Bondoukou, dans le nord-est de la Côte d’Ivoire : l’anacarde.  Source : Mighty Earth : Mighty Earth 

 

Un nouveau rapport de Mighty Earth, du Regroupement des Acteurs Ivoiriens des Droits Humains (RAIDH) et de Green Forest Africa révèle, pour la première fois, comment la demande mondiale croissante de noix de cajou a entraîné une expansion rapide des plantations en Côte d’Ivoire, impactant la nature et menaçant la sécurité alimentaire.    

Le pays d’Afrique de l’Ouest est aujourd’hui le premier exportateur de noix de cajou au monde, gagnant plus de 961 millions de dollars grâce aux exportations de noix de cajou en 2021, et produisant plus d’un million de tonnes de noix de cajou en 2022. L’année dernière, le marché mondial de la noix de cajou représentait 7 milliards de dollars.   

La Côte d’Ivoire a perdu jusqu’à 90 % de ses forêts au cours des 30 dernières années, l’agriculture, et principalement le cacao, en est le principal moteur. Le rapport alerte sur le fait qu’il faut éviter que l’expansion de la culture de la noix de cajou impacte à nouveau la nature.   

  

Principales conclusions du rapport :  

  • L’analyse satellitaire réalisée par Mighty Earth révèle que certaines régions productrices de noix de cajou en Côte d’Ivoire ont connu une perte de 25 % de leur couvert de forêt primaire entre 2019 et 2023.  
  • En Côte d’Ivoire, la culture des noix de cajou occupe une superficie presque équivalente à celle des îles d’Hawaï (1,6 million d’hectares).  
  • Les États-Unis sont le plus grand consommateur de noix de cajou au monde. En 2021, ils ont importé près de 30 % des amandes de noix de cajou du monde, l’Allemagne (10,5 %) et les Pays-Bas (8,27 %) étant les suivants. 

Tout en permettant aux agriculteurs d’avoir un revenu vital, le cajou se cultive principalement dans des paysages de savane boisée, cruciaux pour la faune et la flore. Le parc national de la Comoé, l’une des plus importantes réserves naturelles d’Afrique de l’Ouest, est entouré à l’est, au sud et au sud-ouest par des plantations de noix de cajou. Le parc abrite le chimpanzé de l’Ouest, une espèce gravement menacée, et constitue l’un des derniers habitats intacts de l’espèce. 

 

Amourlaye Touré, Consultant pour Mighty Earth, a déclaré :  

“Mighty Earth travaille depuis de nombreuses années à mettre fin à la déforestation causée par le cacao en Côte d’Ivoire. Grâce à nos analyses satellitaires et à nos enquêtes sur le terrain avec des partenaires locaux, nous avons commencé à suivre les menaces que d’autres produits de base, notamment le caoutchouc naturel dans le sud et la noix de cajou dans le nord, font peser sur les forêts restantes.” 

« Les plantations de cajou dominent le paysage à perte de vue. Lorsque j’ai grandi en Côte d’Ivoire, la faune a toujours été abondante, mais aujourd’hui lorsque je voyage dans les régions productrices de noix de cajou, il est très difficile d’apercevoir des animaux sauvages ou des oiseaux. Nous devons veiller à ce que les producteurs de noix de cajou bénéficient d’un soutien pour passer à des pratiques durables afin de préserver leurs moyens de subsistance et de protéger la nature. » 

 

Un agriculteur du village de Tioro, près de la ville de Korhogo, a déclaré à Mighty Earth :   

« Certes, les noix de cajou nous ont permis de développer nos villages, mais nous sommes conscients que la culture de l’anacarde a entraîné la disparition d’un grand nombre de nos espèces naturelles. Elle a fait fuir de nombreux animaux que l’on trouvait facilement dans la savane. » 

Le Conseil du Coton et de l’Anacarde, qui supervise le secteur ivoirien du cajou, indique que l’industrie joue un rôle vital dans l’économie du nord du pays, en soutenant environ un demi-million de ménages agricoles.  Cependant, le rapport révèle que l’expansion des vergers de cajou sur de vastes zones a créé des « déserts verts » dépourvus de biodiversité. Quand elles sont combinées avec l’utilisation intensive de pesticides chimiques, les « monocultures » d’anacardiers constituent une menace existentielle pour la flore et la faune indigènes du pays.  

L’expansion de la culture du cajou a également un coût humain. Dans le nord de la Côte d’Ivoire, les anacardiers ont rapidement remplacé les cultures vivrières traditionnelles telles que l’igname et le manioc, ce qui oblige les agriculteurs à acheter ces aliments de base. Une surabondance de noix de cajou au début de l’année 2023 a provoqué l’effondrement du marché, laissant de nombreux ménages ruraux vulnérables face l’insécurité alimentaire et nutritionnelle. 

Ofi, l’un des plus grands producteurs de noix de cajou au monde, dont les ateliers de transformation se trouvent en Côte d’Ivoire, a fourni des informations sur les enjeux de durabilité auxquels il fait face, dans le cadre du rapport.  

 

En réponse aux préoccupations soulevées dans le rapport, ofi a déclaré :  

« Compte tenu du manque d’accès des agriculteurs aux connaissances sur les bonnes pratiques agricoles et de l’importance des paysages biodiversifiés pour la résilience des systèmes agricoles et alimentaires, il est facile de comprendre pourquoi les problèmes soulevés dans le rapport peuvent se produire. En effet, nos équipes sociales ivoiriennes constatent des taux élevés de malnutrition, de nombreux ménages agricoles n’ayant pas accès aux aliments contenant les micronutriments nécessaires au fonctionnement normal du système immunitaire et à une santé optimale, ce qui a un impact négatif sur la productivité et le potentiel de gain. À cela s’ajoutent souvent des infrastructures sanitaires insuffisantes et un manque d’accès à l’eau potable et à l’assainissement. Mais des solutions existent. Grâce à la formation et à un meilleur accès au financement, les agriculteurs peuvent améliorer les rendements et la qualité de leurs récoltes à partir des mêmes arbres. » 

 

Julian Oram, Directeur Afrique pour Mighty Earth, a déclaré :   

« La culture du cajou s’est avérée être une arme à double tranchant pour la Côte d’Ivoire. D’une part, elle a constitué une importante source de revenus pour les communautés du nord du pays. D’autre part, la culture de l’anacarde continue de s’étendre de manière incontrôlée sur les quelques rares zones de végétation naturelle restantes, menaçant des dizaines d’espèces emblématiques qui luttent pour leur survie. »  

« Si nous continuons à faire comme si de rien n’était, la noix de cajou pourrait être un nouveau clou dans le cercueil de dizaines d’espèces emblématiques, y compris le chimpanzé occidental, tout en risquant d’entraîner l’insécurité alimentaire des agriculteurs. Nous demandons à l’industrie de cesser toute expansion afin de permettre à la nature de se rétablir. » 

 

Souleymane Fofana, coordinateur général du Regroupement des Acteurs Ivoiriens des Droits Humains (RAIDH), un réseau d’ONG ivoiriennes de défense des droits de l’homme :   

« Nous ne pouvons pas ignorer les leçons de l’industrie du cacao, qui a permis pendant des années une déforestation rampante. Le Conseil du Coton et de l’Anacarde doit travailler avec les agriculteurs, les entreprises et la société civile pour développer un plan d’action pour un cajou durable qui protège la nature et soutient les agriculteurs. » 

 

Mighty Earth et ses partenaires de la coalition lancent un appel :   

  • Les acteurs de l’industrie tout au long de la chaîne d’approvisionnement doivent travailler avec les agriculteurs locaux, la société civile et les agences gouvernementales pour restaurer les paysages de noix de cajou en investissant dans des pratiques agricoles durables, réduire la dépendance des agriculteurs à l’égard de la noix de cajou et prendre des mesures pour protéger les personnes qui travaillent dans l’industrie.  
  • Les entreprises qui achètent et vendent des noix de cajou doivent développer une traçabilité transparente et complète (au niveau de l’exploitation) afin de comprendre l’éventail des problèmes environnementaux et sociaux dans les endroits où elles s’approvisionnent en noix de cajou.  
  • Une meilleure réglementation de l’industrie et la promotion de chaînes d’approvisionnement en noix de cajou socialement et écologiquement responsables.  
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