Le numéro 1 européen de la volaille, le groupe LDC, qui possède les marques Marie, Le Gaulois ou encore Maître Coq adopte de nouvelles mesures pour mettre fin à ses importations de soja lié à la déforestation. Une annonce qui accroît la pression sur les négociants internationaux de soja. Notre analyse.
Suite à notre campagne d’interpellation et à plusieurs échanges, le groupe LDC vient d’annoncer qu’il demanderait désormais à ses fournisseurs une traçabilité détaillée et une exclusion des lots de soja qui proviennent de parcelles déforestées ou converties après le 1er janvier 2020 (1).
L’annonce du groupe est une bonne première étape mais non suffisante, explique Klervi Le Guenic, chargée de campagne à Canopée: “L’engagement du groupe LDC est un signal très clair envoyé aux négociants de soja mais celui-ci doit être suivi d’actions. Le groupe LDC doit rompre ses relations commerciales avec les négociants s’ils continuent à être complices de déforestation. Nous y serons d’autant plus attentifs que le groupe est soumis à la loi sur le devoir de vigilance et donc dans l’obligation légale de prévenir ce risque.”
Nico Muzi, directeur européen à Mighty Earth, ajoute: “L’étau se resserre sur les négociants de soja qui sont au cœur de la filière. Quelques entreprises comme Cargill et Bunge concentrent l’essentiel du marché: jusqu’à présent ces entreprises ont toujours refusé d’être transparentes et d’exclure les grands producteurs responsables de déforestation. La cascade d’engagements d’acteurs français est en train de changer la donne.” (2)
Après l’engagement des enseignes de la grande distribution en novembre 2020, c’est un acteur majeur de la filière agro-alimentaire qui s’engage et demande au gouvernement d’accélérer la mise en œuvre d’un mécanisme de gestion des risques liés au soja. En effet, aujourd’hui, il n’existe aucune transparence sur l’origine des importations de soja alors que ces informations sont disponibles.
En septembre 2020, Canopée a remis à Bérangère Abba, Secrétaire d’Etat à la Biodiversité, un rapport du Comité Scientifique et Technique Forêt avec des propositions concrètes pour mettre fin aux importations de soja à risque (3). Parmi ses recommandations, un renforcement de la responsabilité des entreprises et une plus grande transparence sur les données douanières et satellitaires permettant d’identifier les négociants complices de déforestation.
Sylvain Angerand qui a coordonné ce travail conclut: “De nombreux acteurs sont prêts à mettre fin à la déforestation mais une politique publique ne se construit pas sur l’accumulation d’engagements volontaires, plus ou moins précis. Le gouvernement doit s’appuyer sur cette dynamique pour accroître l’accès aux informations et renforcer les obligations de responsabilités de l’ensemble des entreprises au niveau national et européen”.
Pour faire face à la demande croissante de viande, la France importe massivement du soja, principalement en provenance du Brésil. Or là bas, ce sont des pans entiers de forêts qui sont rasés pour faire place à cette culture, particulièrement dans la région du Cerrado. Près de 50% du soja importé pour l’alimentation animale est à destination de la volaille (poulets et poules pondeuses). Le géant de la volaille utilise des centaines de milliers de tonnes de soja du Brésil pour produire ses 750 000 tonnes de volaille chaque année en France.
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La pulvérisation aérienne du composant clé de l’herbicide a détruit arbres et végétation dans la plus grande zone humide de la planète sur une superficie de 81 200 hectares pour faire place à l’élevage de bœuf.