La Grande Distribution S’engage Contre la Déforestation Liée Au Soja: Notre Réaction Portuguese La quasi-totalité de la grande distribution française – Carrefour, Casino, Auchan, Lidl, Metro, Système U, Mousquetaires et Leclerc- annoncent aujourd’hui des mesures pour mettre fin à l’utilisation de soja issu de la déforestation. Un signal important que nous saluons, mais insuffisant si les pouvoirs publics n’accompagnent pas la mise en œuvre de ces engagements et ne renforcent pas les règles qui s’appliquent à l’ensemble des acteurs.
A l’occasion des deux ans de la Stratégie Nationale de lutte contre la Déforestation Importée (SNDI), sept enseignes de la grande distribution viennent d’annoncer qu’elles allaient intégrer des clauses de non-déforestation liée au soja dans les cahiers des charges de leurs fournisseurs. En particulier, les distributeurs s’engagent à demander à leur fournisseur d’exclure le soja issu de la déforestation au Cerrado, la principale zone d’extension de cette culture au Brésil.
Avec plus de 2 millions de tonnes importées chaque année du Brésil pour l’alimentation des animaux (volaille, porcs, produits laitiers), notre consommation de soja est celle qui pèse le plus sur les forêts et les écosystèmes.
L’annonce des distributeurs est une étape importante mais non-suffisante comme l’explique Klervi Le Guenic, chargée de campagne à Canopée : “L’engagement des distributeurs est un signal de marché très important mais pour ne pas rester lettre morte, cette démarche volontaire doit rapidement se traduire par la mise en place de plans d’actions conséquents. Pour Lidl, Système U et Auchan c’est déjà chose faite. Les autres enseignes doivent maintenant suivre la dynamique positive enclenchée. Nous publierons prochainement un décryptage de ces différents engagements.”
Pour Etelle Higonnet, coordinatrice de Mighty Earth: “Les supermarchés français sont enfin à l’écoute des préoccupations de leurs clients¹. Mais jusqu’à présent, quelques entreprises clés n’ont pas encore rejoint le manifeste : les commerçants de soja Cargill et Bunge, qui ont le pouvoir d’arrêter les importations du soja responsable de la déforestation. Nous attendons également un engagement des négociants de soja les moins exposés à la déforestation comme COFCO et Louis Dreyfus. Dans le cas contraire, les entreprises françaises devraient suspendre leurs contrats dès le 1er janvier 2021.”
Nous exhortons tous les négociants de soja, et toutes les entreprises utilisatrices de soja dans les secteurs de l’alimentation animale, la viande, les produits laitiers, et la restauration, à s’engager.
Une condition de réussite essentielle est que le gouvernement se saisisse de ces engagements pour renforcer les obligations de vigilance de l’ensemble des entreprises. En septembre 2020, Canopée a remis un rapport réalisé dans le cadre du Conseil Scientifique et Technique pour mettre fin aux importations de soja à risque². Le manifeste que nous co-signons aujourd’hui s’inscrit dans la continuité de ce travail et appelle à en accélérer la mise en oeuvre comme l’explique Sylvain Angerand, co-auteur de ce rapport: “Notre constat est que la stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée est dans l’impasse, faute de moyens, d’arbitrages politiques forts et d’une croyance immodérée dans les engagements volontaires. Avec l’annonce des distributeurs, la balle est désormais dans le camps du gouvernement: les solutions techniques existent, des acteurs sont prêts à s’engager, il faut s’appuyer sur cette dynamique pour créer un cadre plus contraignant pour l’ensemble des entreprises, en particulier celles qui sont soumises à la loi devoir de vigilance et qui n’ont adopté aucune mesure sérieuse de lutte contre la déforestation importée.”
¹Plus de 9 sur 10 français sont mobilisés contre la déforestation et pour l’action concrète, forte. https://d25d2506sfb94s.cloudfront.net/cumulus_uploads/document/v3p20mpf8i/YG-Archive-030519-FernDeforestationAllMarkets065.pdf
²https://www.canopee-asso.org/wp-content/uploads/2020/09/Rapport-SOJA_09-2020-1.pdf
La pulvérisation aérienne du composant clé de l’herbicide a détruit arbres et végétation dans la plus grande zone humide de la planète sur une superficie de 81 200 hectares pour faire place à l’élevage de bœuf.