Tableau de bord de Pâques 2021 : Le prix de l'” œuf pourri ” est décerné à Storck, tandis qu’Alter Eco, Tony’s Chocolonely et Whittaker’s obtiennent des ” œufs d’or ” ; Godiva progresse par rapport à la dernière place obtenue en 2020.
À l’approche de Pâques, plus grande période de consommation de chocolat au monde, surtout dans les pays du Nord, de nombreux négociants en cacao, fabricants de chocolat et détaillants parmi les plus importants ne répondent toujours pas aux préoccupations sociales et environnementales, selon le tableau de bord de Pâques 2021 publié conjointement par Be Slavery Free, Green America, Inkota, Mighty Earth, et National Wildlife Federation.
Storck, un confiseur possédant des sites de production en Allemagne et 21 filiales internationales, a reçu les notes les plus basses – le “prix de l’œuf pourri” – pour son manque de réactivité et de transparence. Ses marques comprennent Werther’s Original, Riesen, Toffifee, Merci, Colourful World et Bendicks.
L'”œuf d’or” a été décerné aux trois entreprises les mieux classées :
- Alter Eco, une société basée aux États-Unis et qui écoule ses produits aux États-Unis et en Europe, a reçu son premier Œuf d’or. Les ONG ont également reconnu les mérites de son partenaire Chocolats Halba / Sunray pour le rôle d’Halba dans l’aide apportée à Alter Eco pour atteindre les objectifs de durabilité.
- Tony’s Chocolonely, une multinationale basée aux Pays-Bas, a reçu l’Œuf d’or pour la deuxième fois consécutive.
- Whittaker’s de Nouvelle-Zélande, dont les produits sont principalement disponibles en Australie et en Nouvelle-Zélande, a également reçu l’Œuf d’or pour la deuxième année consécutive pour cette région.
Les précédents “lauréats” de l’Œuf pourri ont, depuis, considérablement amélioré leurs performances en matière de durabilité dans tous les domaines. Le lauréat 2020 de l’Œuf pourri Godiva a fait des progrès majeurs sur les politiques de revenu de subsistance et le travail environnemental, et le lauréat 2019 de l’Œuf pourri Sucden a progressé dans toutes les catégories de durabilité.
“Grâce à ce tableau de bord, les consommateurs aux États-Unis, en Europe, en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Japon et ailleurs peuvent acheter des chocolats de Pâques en toute tranquilité. Ils disposent désormais d’indications claires et précises sur les entreprises qui se soucient de la durabilité et sur celles dont les friandises sont probablement entachées de déforestation et de violations des droits de l’homme”, déclare Etelle Higonnet, conseillère principale de la National Wildlife Federation. “Les consommateurs peuvent désormais acheter du chocolat les yeux grands ouverts et utiliser leur pouvoir d’achat pour repousser les retardataires comme Storck et récompenser les leaders du secteur que sont Alter Eco, Tony’s Chocolonely et Whittaker’s.”
Les enquêteurs ont interrogé 31 entreprises chocolatières et fournisseurs de cacao dont on estime qu’ils fournissent plus de 80 % des confiseries dans le monde. Les entreprises ont été notées sur les six questions de durabilité les plus urgentes auxquelles l’industrie du chocolat est confrontée: la diligence raisonnable en matière de droits de l’homme, la transparence et la traçabilité, la déforestation et le changement climatique, l’agroforesterie, les politiques de revenu de subsistance et le travail des enfants. Les marques ont ensuite été classées dans l’une des quatre catégories suivantes : lapin vert pour celles qui sont à la pointe de l’industrie en matière de politique, avec des preuves de mise en œuvre, et lapin rouge pour celles qui ont peu ou pas de politique et aucune preuve de mise en œuvre. Les entreprises qui ont choisi de ne pas participer au tableau de bord ont également reçu un lapin rouge.
Les entreprises de cacao, en particulier celles de l’Initiative Cacao & Forêts, ont pris une mesure importante pour accroître la traçabilité de leurs chaînes d’approvisionnement en cartographiant plus d’un million d’exploitations depuis 2018, et la plupart des grandes entreprises de chocolat ont divulgué au moins une partie de leurs chaînes d’approvisionnement en cacao ivoirien dans la carte de responsabilité du cacao de Mighty Earth (Cocoa Accountability – Mighty Earth)
“C’est dans la catégorie de la traçabilité que nous avons constaté les progrès les plus notables chez les acteurs du secteur du cacao ces dernières années”, a déclaré Charlotte Tate, directrice des campagnes sur le travail chez Green America. “Ils s’améliorent rapidement sur cette question, mais la plupart ne franchissent pas toujours la ligne d’arrivée. Afin d’aborder tous les autres points du tableau de bord, les entreprises doivent d’abord savoir d’où vient le cacao. Sans cette information, il y a peu d’espoir de mettre fin au travail des enfants, à la pauvreté des agriculteurs ou à la déforestation. Les entreprises doivent avoir des chaînes d’approvisionnement entièrement traçables, associées à des rapports transparents.”
Outre la tendance à la traçabilité, le tableau de bord fournit un aperçu du revenu des agriculteurs. “Un nombre stupéfiant de 180 millions d’œufs emballés ou en boîte sont achetés pour Pâques chaque année. Ce chiffre n’inclut pas les œufs miniatures ou crémeux qui se vendent également très bien. Très peu de l’argent de l’industrie du chocolat va aux pays où le cacao est cultivé ou aux cultivateurs de cacao eux-mêmes”, déclare Fuzz Kitto, codirecteur national de Be Slavery Free en Australie. “La plupart des producteurs de cacao gagnent moins d’un dollar par jour, les femmes ne gagnant que 0,30 dollar par jour. Ils sont particulièrement touchés par les perturbations économiques de la pandémie Covid 19.”
Une autre tendance du tableau de bord de Pâques est l’amélioration lente mais constante des entreprises japonaises sur certains paramètres de durabilité, au cours des quatre dernières années. Cependant, les entreprises japonaises de chocolat ont des efforts à faire pour obtenir des politiques plus fortes, assorties d’un suivi et d’une mise en application pour mettre fin au travail des enfants, à la pauvreté et à la déforestation dans leurs chaînes d’approvisionnement en cacao. Le secteur japonais doit évoluer rapidement pour éviter d’être moins performant que ses homologues mondiaux. La création d’une nouvelle “plateforme du cacao” lancée par l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) en 2020 pourrait être la clé pour résoudre les problèmes de durabilité à l’échelle de l’industrie en réunissant le gouvernement, l’industrie et les organisations à but non lucratif.
“Le tableau de bord montre également que le rythme d’adoption de l’agroforesterie et de pratiques agricoles plus respectueuses du climat est beaucoup plus lent qu’espéré“, déclare Samuel Mawutor, conseiller principal chez Mighty Earth. Transformer le secteur du cacao pour le débarrasser des monocultures problématiques ne peut être possible sans mettre davantage l’accent sur la restauration des forêts et des exploitations agricoles par l’agroforesterie. Il note que “les entreprises doivent cesser de distribuer des semis d’arbres et investir beaucoup plus de ressources dans la culture et l’entretien des arbres plantés dans les exploitations cacaoyères ainsi que dans la sécurité foncière des arbres, afin de garantir l’adoption de l’agroforesterie à grande échelle en Afrique de l’Ouest.”
“Ce tableau synoptique remet les pendules à l’heure en ce qui concerne les actions superficielles à visée faussement durable (greenwashing) par rapport à l’action réelle”, selon Johannes Schorling, coordinateur de campagne chez Inkota. “Malgré des décennies d’engagement volontaire de la part de l’industrie, la pauvreté, le travail dangereux des enfants et la déforestation sont encore très répandus dans le secteur du cacao. La plupart des entreprises ont seulement commencé à exercer une diligence raisonnable, et de nombreuses lacunes subsistent. Cette contre-performance des entreprises montre la nécessité d’une législation robuste en matière de diligence raisonnable.”
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Les organisations ayant conduit l’enquête:
Be Slavery Free
Be Slavery Free est une coalition d’organisations de la société civile, de communautés et d’autres organisations travaillant ensemble pour prévenir, abolir et perturber l’esclavage moderne en Australie, aux Pays-Bas et dans le monde entier. Be Slavery Free a une expérience de terrain en matière de prévention, de perturbation et de remédiation de l’esclavage moderne, avec un accent particulier sur la mise en lumière de l’esclavage dans les chaînes d’approvisionnement. Be Slavery Free a contribué à l’adoption de la loi australienne sur l’esclavage moderne. Depuis 2007, l’association collabore avec l’industrie du chocolat et plaide en faveur de la lutte contre le travail des enfants et l’esclavage dans le secteur du cacao. Vous trouverez de plus amples informations sur Be Slavery Free à l’adresse https://beslaveryfree.com.
Green America
Green America est la principale organisation américaine de l’économie verte, dont la mission est d’exploiter le pouvoir économique des États-Unis – la force des consommateurs, des investisseurs, des entreprises et du marché – pour créer une société socialement juste et écologiquement durable. Fondée en 1982, Green America fournit aux entreprises et aux particuliers les stratégies économiques, le pouvoir d’organisation et les outils pratiques nécessaires pour résoudre les problèmes sociaux et environnementaux actuels. Vous trouverez de plus amples informations sur Green America à l’adresse http://www.GreenAmerica.org.
Inkota
INKOTA a passé les 50 dernières années à faire campagne pour mettre fin à la faim et à la pauvreté et pour que la mondialisation profite à tous. Grâce à des campagnes ciblées, INKOTA vise à sensibiliser le public allemand aux côtés sombres de la mondialisation et à l’importance des droits de l’homme. INKOTA coordonne la campagne “Make Chocolate Fair !” (Faire du chocolat une denrée équitable ! », qui plaide pour de meilleures conditions de vie pour les producteurs de cacao en Afrique de l’Ouest. En outre, INKOTA coopère avec des organisations partenaires de la société civile dans le Sud, en les aidant à faire campagne pour la justice et l’égalité dans leur pays d’origine. Vous trouverez de plus amples informations sur Inkota à l’adresse https://www.inkota.de/english/.
Mighty Earth
Mighty Earth est une organisation de campagne environnementale mondiale qui œuvre pour la protection des forêts, la conservation des océans et la lutte contre le changement climatique. Mighty Earth s’efforce de susciter une action à grande échelle en faveur d’une agriculture écologiquement responsable qui protège les écosystèmes indigènes, la faune et la flore sauvages ainsi que l’eau, et respecte les droits des communautés locales – y compris dans le secteur du cacao. L’équipe de Mighty Earth a joué un rôle décisif en persuadant certaines des plus grandes entreprises agroalimentaires du monde d’améliorer considérablement leurs politiques et pratiques environnementales et sociales. Vous trouverez de plus amples informations sur Mighty Earth à l’adresse https://mightyearth.org/chocolate/.
National Wildlife Federation
La National Wildlife Federation, la plus grande organisation américaine de protection de la nature avec plus de 6 millions de membres, s’efforce d’unir les Américains de tous horizons pour donner une voix à la vie sauvage. La NWF est en première ligne pour la faune sauvage depuis 1936, luttant pour les valeurs de conservation qui sont tissées dans le tissu de l’héritage collectif de l’Amérique. Le programme international du NWF combine une expertise en économie des ressources naturelles, en télédétection et en SIG, en droit international et en écologie tropicale pour faire avancer les solutions basées sur le marché et les politiques publiques afin d’éliminer la perte des forêts tropicales. Le NWF encourage l’agriculture “zéro déforestation”, en se concentrant sur les produits de base ayant le plus d’impact sur les forêts et la faune. Vous trouverez de plus amples informations sur la NWF à l’adresse https://international.nwf.org/about/.