L’un des principaux importateurs de soja en France renonce à lutter contre la déforestation importée

Sydney Jones

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Carole Mitchell

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19 juin 2019 – Alors que Cargill, l’un des principaux importateurs de soja en France, vient de publier son nouveau plan d’action soja, force est de constater que le compte n’y est pas. Les entreprises françaises qui utilisent du soja commercialisé par Cargill dans leur chaîne d’approvisionnement devront en tirer les conséquences.

Le 25 mars dernier, Mighty Earth, France Nature Environnement et Sherpa publiaient un rapport sur le devoir de vigilance des entreprises françaises face à la déforestation causée par la culture du soja en Amérique du Sud, comme Bigard, le Groupe Bertrand/Quick, et E. Leclerc, parmi d’autres. Ce rapport relevait l’absence de prise en compte de ce risque par l’immense majorité des entreprises du secteur agro-alimentaire interpellées, alors même que le soja est utilisé massivement en France dans l’alimentation du bétail, notamment le porc et les volailles.

Les entreprises françaises peuvent-elles encore se fournir auprès de Cargill ? 

Cargill, l’un des principaux importateurs de soja en France, a publié la semaine dernière son nouveau plan d’action soja (en anglais). Pour Glenn Hurowitz, directeur de Mighty Earth  :

« Cargill bricole des solutions médiocres alors que l’Amérique du Sud est en train d’être réduite en cendres. Si l’on regarde de plus près ce plan d’action, il apparait que le seul véritable engagement pris par l’entreprise est de respecter la loi, comme si elle pouvait choisir ne pas la respecter… Tant que Cargill ne cessera pas de s’approvisionner auprès de fournisseurs impliqués dans la destruction d’écosystèmes, les autres compagnies devraient réfléchir mûrement avant de se fournir auprès de Cargill. »

Ce plan d’action est également un échec pour le PDG de Cargill, David MacLennan, qui s’était engagé à plusieurs reprises à mettre fin à la déforestation, et qui a aujourd’hui échoué à mettre en œuvre ses engagements.

Si nos organisations accueillent favorablement la volonté affichée par Cargill d’investir dans la préservation des forêts, l’expérience montre que les résultats de tels investissements, réalisés en l’absence de politiques strictes de conservation, ne sont pas à la hauteur de la crise actuelle. Ils ne sauraient remplacer de véritables mesures de prévention des atteintes à l’environnement et aux droits humains, et une mise en œuvre effective de ces mesures.

Les entreprises françaises doivent s’engager à lutter contre la déforestation importée

Au regard de la faiblesse de ce plan d’action, nos organisations appellent les entreprises françaises concernées à cesser l’approvisionnement direct ou indirect en matières premières agricoles dont l’origine ne peut être garantie libre de violations des droits humains ou abus environnementaux. Ces dernières doivent à tout prix investir dans la traçabilité sur 100% des volumes de soja utilisés dans leur chaîne d’approvisionnement et s’engager immédiatement et concrètement pour un moratoire couvrant toutes les forêts d’Amérique latine.

Pour aller plus loin :

Devoir de vigilance et déforestation – Le cas oublié du soja, mars 2019
Quand la déforestation s’invite à notre table – La catastrophe environnementale et humaine qui se cache derrière la viande et les produits laitiers français, mars 2018

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